Les chercheurs d'hors : La crotte attitude !
#Episode 7 : Le secret des crottes : de l'or en barre !
Salut les chercheurs d’hors !
Nous revoilà avec un défi, des inspirations et des nouvelles positives du Vivant.
Dans cet épisode on a décidé de vous parler caca. On se met au défi de vous apprendre plein de trucs sur les fécès, la bouse, les fientes, les laissées ou les pétoulettes. On vous promet, ça marche du tonnerre avec les enfants : “Hé mon cœur, j’ai appris quelque chose sur le caca aujourd’hui, tu veux savoir quoi ?”.
Petit cadeau à la fin à lire et écouter avec tes enfants. Merci Léopold !
Au programme :
Ta mission si tu l’acceptes : Défi #7 Crotte de bique (3 min)
Comment crâner devant tes enfants ou ton coiffeur : Montre-moi ton caca, je te dirais qui tu es (5 min)
Elle nous inspire. Qui ça, qui ça ? Mère Nature ! (3 min)
Les dessous de la rédac’ : A la recherche de couleurs !
💩 Ta mission si tu l’acceptes.
by Nicholaus coloeus monedula in iugum plumis
Sur la piste des crottes : notre chasse au trésor sauvage
Cet après midi, le soleil tape doucement sur nos épaules, une brise légère fait bruisser les feuilles des arbres, l’air est tiède, presque parfait. C’est l’un de ces après-midis où tout semble possible. Pas de programme, pas d’écrans. Juste l’envie de bouger et de respirer dehors. Et c’est là que l’idée surgit et que je propose à ma troupe d’aventuriers : et si on partait à la chasse… aux crottes !?
Le mode “trappeur” est vite activé !
On part chasser des crottes, mais attention, pas n’importe comment : version explorateurs des bois. Avec nos chaussures de marche, des bâtons, un carnet, un brin d’imagination, et l’excitation d’une vraie chasse au trésor.
On avance doucement sur un petit sentier. Ce jour là, il y a un peu de vent et nous avons le soleil dans le dos. Très vite, l’attitude change : on ralentit le pas, on regarde où on met les pieds. Les enfants se mettent à scruter le sol comme des archéologues en mission. Un caillou, une brindille, une branche… et soudain, cachée au milieu des feuilles, notre première trouvaille: “Une crotte !”.
Ronde et sèche, elle repose là, comme un indice oublié : “C’est un lapin, c’est sûr !”. Et c’est parti : chaque découverte devient une enquête. Un peu plus loin, une autre plus longue, tordue, remplie de petits noyaux : “Peut-être un renard ?”. Et cette grosse masse sombre au bord du champ, c’est quoi ? Une vache c’est sur !
On observe, on compare, on questionne.
Les crottes deviennent peu à peu des trésors à débusquer, des messages laissés par la faune sauvage qu’on ne croise que rarement. Les crottes changent peu à peu. Ou plutôt notre regard sur elles. Se ne sont plus de simples excréments un peu dégoutant, mais des secrets qui animent notre curiosité. On les dessine, on les prend en photo, on leur attribue une note sur 10, et surtout qu’est ce qu’on se marre ! On distingue les formes, les textures, presque les odeurs parfois…Et on se surprend à discuter sérieusement d’un sujet qu’on aurait évité d’habitude. Est ce que la crotte a été faite depuis longtemps ? Est ce que les animaux font leurs crottes toujours au même endroit ?
Puis, l’imaginaire prend le relais :
🦉 Et une crotte d’ours, elle serait comment ?
🐺 Tu crois qu’un loup, ça fait les mêmes crottes qu’un chien ?
🐉 Et un dragon ?
On devient pisteurs, naturalistes en herbe le temps d’un après-midi, et surtout, complices d’une chasse au trésor bien plus intéressante qu’une chasse aux œufs. Le temps file. On ne voit pas passer l’après-midi. On rit, on apprend, on s’étonne.
Et maintenant, ta mission (si tu l’acceptes) :
🌙 Pars à la chasse aux crottes en pleine nature.
✉ Envoie-nous une photo de ta plus belle trouvaille à leschercheursdhors@gmail.com
🕵🏻Comment crâner devant tes enfants ou ton coiffeur !
by Marinii ecureuilus plumae
🔍 Comment devenir expert en crotilogie (appellation tout juste déposée)
Pour commencer, voilà les bases pour tenter de deviner qui est à l’origine des smarties, du cornichon ou du gros boudin croisé sur ton chemin. Et là, un guide encore plus précis et ici une clé de détermination.
En mode rando exploration, l’observation attentive d’un crottin peut te permettre de déterminer s’il est carnivore, herbivore ou omnivore. Si c’est l’été et que le crottin est plein de petits fruits, de noyaux ou de débris de plantes, tu es sûrement sur la trace d’un herbivore (orignal, caribou, cerf de Virginie, lièvre…) ou d’un omnivore (ours, renard…). L’hiver, par contre, les herbivores sont au régime sec et leurs cacas, qu’on repère aussi souvent après la fonte des neiges, le sont aussi, on dirait de la sciure de bois. C’est à l’odeur et au bout du bâton, en défaisant la crotte pour voir si elle est pleine de poils ou de petits morceaux d’os, qu’on saura s’il s’agit d’un prédateur carnivore, comme un coyote, un lynx, un renard ou un loup.
Les scientifiques s’en servent aussi pour en savoir plus sur les espèces végétales consommées par les animaux. C’est ainsi que le CREA Mont-Blanc a proposé un relevé de crottes d’ongulés sauvages (cerfs, chamois, bouquetins pour les intimes) dans le cadre du projet HerbiLand.
Elles sont aussi informatives pour déterminer l’identité du propriétaire, fraiches ou pas. Des coprolithes (excréments fossilisés) retrouvés en Ariège ont permis à des chercheurs du CEA de confirmer que la hyène des cavernes était cousine de la hyène tachetée.
💊 Vous prendrez bien une petite gélule de caca…quid de la transplantation fécale (FMT — Fecal Microbiota Transplant)
La transplantation de microbiote fécal consiste à administrer une préparation de matière fécale issue d’un sujet sain à un patient atteint d’une pathologie liée à une altération du microbiote intestinal pour restaurer une flore intestinale saine. Le microbiote c’est l’ensemble des microorganismes (principalement des bactéries) qui colonisent notre tube digestif.
🤔Pourquoi ça marche ?
Nos excréments contiennent des milliards de bactéries bénéfiques (le fameux microbiote intestinal).
Ces bactéries aident à digérer, protègent l’organisme et régulent le système immunitaire.
Un microbiote déséquilibré peut avoir des effets dévastateurs, d’où l’idée de "réensemencer" l’intestin avec de bonnes selles.
Va-voir cette vidéo pour en savoir un peu plus.
🛒 Des excréments au menu
Certains animaux mangent des excréments. Quelle idée ?! C’est le cas du lapin qui mange ses propres crottes. Enfin, seulement certaines, les cæcotrophes, des selles molles qui contiennent des vitamines, des protéines et d'autres nutriments essentiels qui n'ont pas été complètement absorbés lors du premier passage dans le système digestif du lapin. La 2ème fois, ce sera la bonne se dit-il : une opportunité de réabsorber ces nutriments précieux.
Les bousiers eux, insectes coprophages, roulent les excréments pour les enterrer. Et hop, du compost pour les végétaux !
🌥 Elle nous inspire. Qui ça, qui ça ???
by Aemilia canis lupus arctos
Art, café, énergie, lecture, les crottes sont partout !
🎨 Merda d’artista ou la crotte dans l’art !
En 1961, Piero Manzoni a produit 90 petites boîtes métalliques, supposément remplies de 30 g de ses propres excréments, étiquetées sobrement : « Merda d’artista ». Ces boîtes sont vendues au prix de l’or au gramme. Certaines d’entre elles ont été vendues pour plusieurs centaines de milliers d’euros. Cette œuvre a suscité de multiples interprétations, dans les domaines de l’art, de la philosophie, de l’économie et de la société.
☕ De la crotte à la tasse : l’incroyable histoire du Kopi Luwak
Produit en Indonésie, le Kopi Luwak est l’un des cafés le plus cher et le plus rare au monde. L’origine de sa rareté vient du fait que les fruits du caféier sont mangés par un petit mammifère : la civette asiatique. La civette digère uniquement la pulpe du fruit laissant intacte la graine de café. Les grains fermentent dans le ventre de l’animal et produit ainsi un café décrit comme doux et chocolaté. Oui oui, les grains de café sont récoltés dans les crottes de la civette. Voilà, c’est dit ! Cette découverte s’est faite lorsqu’au début du XVIIIe siècle les cueilleurs de café des colonies des Indes orientales avaient interdiction d’en cueillir pour leur propre utilisation. Ils remarquent alors les grains de café dans les excréments de la civette et commencent à les consommer. La réputation de ce café s’est faite très rapidement et il est devenu, dès cette époque-là, le chouchou des propriétaires de plantations.
💩 La crotte a du potentiel !
« Tout l’engrais humain et animal que le monde perd, rendu à la terre au lieu d’être jeté à l’eau, suffirait à nourrir le monde » écrivait Victor Hugo en 1862.
Bienvenue dans le monde de l’économie circulaire, où chaque déchet peut devenir une matière première. Alors, pourquoi notre production quotidienne — environ 500 millions de tonnes par an (oui, oui !) — ferait exception ?
Plutôt que de noyer cette matière sous des litres d’eau potable, pourquoi ne pas en faire quelque chose de vraiment utile ?
« On doit arrêter de voir les excréments comme un déchet. C’est une source d’énergie gratuite beaucoup plus verte que le pétrole », indique Catherine Bourgault, doctorante en génie des eaux à l’Université Laval, à Québec. « À condition de s’assurer de l’absence de pathogènes, c’est tout à fait logique de valoriser la matière fécale et de la récupérer, sinon on gaspille de l’énergie pour s’en départir » dit-elle.
Aujourd’hui, on retrouve un peu de cet esprit chez les japonais qui semblent beaucoup moins timides face à la matière brune. « Les japonais ont vraiment changé la façon de voir l’assainissement des eaux usées. Ils ont créé des immeubles entièrement chauffés par un biodigesteur alimenté par la matière fécale » signale Catherine Bourgault.
Alors :
Oui le caca est riche (ça sonne bizarre, mais c’est vrai) ;
On peut en faire de l’engrais naturel (miam, les tomates bio),
du biogaz (chauffez-vous à la bouse !),
ou même d’autres combustibles dignes des meilleures crottes de compétition !
📕 Pour finir, le conseil lecture de la rédac et surtout, surtout, la très jolie lecture de ce livre par Léopold M.
A faire écouter ABSOLUMENT à vos enfants !
🤓 Les dessous de la news’
Avis de recherche : un prochain épisode portera sur les couleurs de la nature. On te met au défi de nous envoyer une photo d’un élément naturel de la couleur la plus vive, la plus belle, la plus époustouflante à tes yeux. On te promet une joli surprise collaborative dans le numéro à paraître.
Pour nous partager tes impressions, nous mettre au défi ou nous partager tes pépites Nature du quotidien, voici l’adresse de notre tente, QG de la rédac, au milieu des pins, tout près d’une rivière où on entend le chant des cigales : leschercheursdhors@gmail.com
Ou tu peux aussi nous laisser un commentaire ici :
Et si tu souhaites partager la newsletter, c’est ici :
Au plaisir de te lire ou de t’entendre,
La rédac’